Et demain ?

Témoignages de patients

 

Charlotte, diagnostiquée en 2013

ET DEMAIN POUR CHARLOTTE ?

Je suis start-upeuse, j’ai une entreprise sociale et solidaire pour accompagner les patients. Je propose des box beautés avec des thématiques ciblées, notamment pour prendre soin de soi et préparer en « beauté » les séances de chimiothérapie.

Pour lancer ça, j’ai touché les droits de Pôle Emploi, puis j’ai lancé une campagne participative sur Internet pour financer mon projet. Le problème c’est que les anciens cancéreux en France ont un « droit à l’oubli », donc il faut trouver des solutions annexes pour me financer.

Mon entreprise s’appelle « Mister K Fighting Kit », ça veut dire « le kit pour se battre contre le cancer ». On y trouve des accessoires pour les cheveux, un kit pour apprendre à se dessiner les sourcils. Bref, plein de petits accessoires qui rendent la vie bien plus belle lorsqu’on est malade !

Je me suis rendue compte au cours de ma maladie à quel point la mode et la beauté étaient loin d’être futiles, surtout quand ce sont ces outils qui nous rattachent à la vie. J’ai aussi une ligne de vêtements et des accessoires, dont une partie des bénéfices est reversée à la recherche contre le cancer tous les mois à Gustave Roussy, avec des mantras comme « Together Stronger » (Plus forts ensemble), ou encore « Never Give Up » (Ne jamais rien lâcher), et d’autres messages pour mes frères et sœurs de combat. On n’est pas courageux quand on se bat contre la maladie. Si on veut vivre on n’a pas le choix, c’est tout.

«Je me suis rendue compte au cours de ma maladie à quel point la mode et la beauté étaient loin d'être futiles. »

Isabelle, diagnostiquée en 2012

ET DEMAIN POUR ISABELLE ?

Je ne sais pas si je me vois à long terme. J’espère hein ! Mais à l’instant même, je vis au jour le jour : je vais me coucher et je verrai demain matin ce qui va se passer. Je vais essayer de partir en vacances cet été un petit peu. Je vois des amis, etc. Mais je ne fais pas de projets sur les années à venir.

Il y a toujours des moments où on doute, où on baisse les bras. Mais il ne faut pas que ça dure trop longtemps. On a toujours la famille et les amis pour nous remonter le moral et c’est reparti. Enfin, moi c’est mon tempérament, je ne me laisse pas trop déborder.

La maladie ne m’aura pas. Je l’ai combattue deux fois, j’en suis à la troisième, elle ne m’aura pas. Si je dois la combattre cinq fois, je la combattrais cinq fois. Elle aura peut-être plus peur de moi que moi j’ai peur d’elle maintenant…

«Il y a toujours des moments où on doute, où on baisse les bras. Mais il ne faut pas que ça dure trop longtemps. »


Natacha, diagnostiquée en 2012

ET DEMAIN POUR NATACHA ?

Je suis une Warrior. Il ne faut rien lâcher d’où le nom de l’association « Ovarior ».

Je l’ai créé en 2014 suite à un « délire » avec des amis. Nous nous retrouvions après les traitements pour reverser les fonds à l’hôpital où j’ai été soignée. C’était ma façon de les remercier.

Le but de cette association est de collecter des fonds mais pas que… Je veux dénoncer ce cas de cancer. Je veux que ça bouge. Je veux que les jeunes filles prennent conscience qu’elles ont des ovaires. Ce cancer, on le détecte souvent trop tard. Je veux éviter aux jeunes femmes de passer par là où je suis passée. « Ovarior » est ma révolution.

«Je veux que les jeunes filles prennent conscience qu'elles ont des ovaires. Ce cancer, on le détecte souvent trop tard. »


Clémence, fille de patiente, diagnostiquée en 2012

ET DEMAIN POUR CLÉMENCE ?

Ma mère a des projets d’avenir. Elle regarde loin et ce n’était pas forcément le cas les années précédentes. Elle aimerait changer un peu d’air et retrouver une nouvelle jeunesse.

Je suis persuadée que le cancer a changé ma mère. Il a changé les relations que j’avais avec elle et il l’a changé elle-même. Aujourd’hui, elle est davantage concernée par sa santé et la santé de ses enfants.

Moi aussi, je vois le cancer d’une autre façon. Quand il touche votre mère, la personne la plus importante à vos yeux, c’est terrible ! Je ne savais pas qu’il pouvait être si terrible, si dévastateur. On ne sait pas tout ce que les malades endurent.

Si j’avais un message à donner à un proche qui vient d’apprendre cette terrible nouvelle, je lui dirais de garder espoir et d’y croire. Je n’aurais jamais pensé que ma mère vive ces deux dernières années. Aujourd’hui, on parle d’avenir, on parle de projets… Donc oui, il faut garder espoir !

«Si j'avais un message à donner à un proche qui vient d'apprendre cette terrible nouvelle, je lui dirais de garder espoir et d'y croire »


Laura, diagnostiquée en 2016

ET DEMAIN POUR LAURA ?

Il faut accepter le diagnostic mais pas forcément le pronostic.

Un jour mon père m’avait dit quelque chose qui m’a beaucoup frappée. J’appuyais pour appeler l’ascenseur. Et il m’a dit : « tu sais Laura, ne prends pas l’ascenseur si tu arrives à monter les escaliers. Parce qu’il arrivera un jour où tu ne pourras pas et ta seule envie sera de les monter ». Ça m’a vraiment touchée et encore aujourd’hui ça me donne les larmes aux yeux. En tout cas, cela m’a vraiment appris à être forte. Lui il n’a pas eu la chance de se battre contre son cancer car la maladie était trop avancée. Moi j’ai eu cette chance. On m’a donné la chance de me battre et c’est une opportunité que j’ai voulu saisir. Je ne peux pas baisser les bras par rapport à mon père et par rapport à ma famille surtout. Il n’y a pas d’option, l’objectif c’est de se battre.

«On m'a donné la chance de me battre et c'est une opportunité que j'ai voulu saisir. Je ne peux pas baisser les bras par rapport à mon père et par rapport à ma famille surtout. »


Audrey, diagnostiquée en 2017

ET DEMAIN POUR AUDREY ?

Dans l’avenir, j’espère qu’on aura fait des progrès d’un point de vue traitement, que ce soit après mais aussi avant. C’est-à-dire si on pouvait trouver quelque chose pour éviter aux femmes de devoir passer par une chirurgie, ce serait quelque chose d’exceptionnel. Et si on pouvait, comme pour tous les autres cancers, trouver moyen d’enrayer la maladie, c’est tout ce qu’on espère. Dans quelques années, j’espère pouvoir dire : « ma mère est toujours à mes côtés. Elle est en pleine forme, elle peut avoir une retraite tranquille, sans traitement ou, s’il y a traitement, beaucoup moins agressif que ce qu’elle a déjà eu ».

Après voilà, on vit au jour le jour. Honnêtement, moi je ne me pose pas la question de savoir ce que je vais faire la semaine prochaine. Ça peut paraître un peu bizarre mais ça fait trois ans que ma mère est malade et ça fait trois ans qu’on fait au jour le jour. On est obligées.

J’espère que d’ici ne serait-ce que quelques mois ou quelques années, on puisse trouver quelque chose qui puisse enrayer la maladie, qui puisse enrayer ce gène mutant, pour éviter les récidives à répétition. Et que moi, mes interventions, je ne les aurais entre guillemets pas faîtes pour rien non plus.

«Et si on pouvait [[[...]]] trouver moyen d'enrayer la maladie, c'est tout ce qu'on espère. »


Elisabeth, diagnostiquée en 2016

ET DEMAIN POUR ELISABETH ?

Avant la maladie, on avait le projet de refaire toute la maison. Bon, sur le coup, on n’a pas pu parce qu’il y avait les traitements. Mais dès qu’ils ont été terminés, on est allés de l’avant et on a fait les travaux.

On dit que le cancer change la façon de voir les choses mais moi, personnellement, ça ne m’a pas changée plus que ça. Je suis un peu moins impulsive, un peu plus sage, mais sinon la vie continue. Je me sens guérie mais parfois j’ai peur, je me dis que je peux rechuter à n’importe quel moment. Ça fait partie des choses de la vie. On se sent peut-être tellement bien, tellement heureux d’être là qu’on en oublie tout ce qu’il y a eu.

Au début de ma maladie, je ne pensais pas que trois ans après je serais là pour témoigner. Et au bout de trois ans, je suis là pour témoigner. Peu importe ce que sera demain, l’essentiel c’est que je puisse donner aujourd’hui de l’espoir à celles qui sont en traitement ou qui sortent de traitement ou à qui on vient à peine de diagnostiquer le cancer… ou la maladie, parce que le cancer, je n’aime pas le mot.

«Peu importe ce que sera demain, l'essentiel c'est que je puisse donner aujourd'hui de l'espoir à celles qui sont en traitement »


Laurence, diagnostiquée en 2012

ET DEMAIN POUR LAURENCE ?

Je suis en rémission, mais je vais de l'avant. La maladie fait partie de mon quotidien mais elle ne l'efface pas. J'ai recommencé à travailler, la vie reprend son cours.

Vivre le moment présent et se pousser à rester actif !

«J'ai recommencé à travailler, la vie reprend son cours. »


Melissa, diagnostiquée en 2017

ET DEMAIN POUR MELISSA ?

Ces trois dernières années, j'ai enchaîné les voyages, parfois avant une opération importante pour me donner du courage, et je ne compte pas m'arrêter là ! J'ai repris les études, mais sans pression pour ne pas ajouter du stress dans ma vie. Mon objectif : passer le CAPES et enseigner. Mes cours m'aident à m'isoler de la maladie, tant et si bien que souvent j'y pense uniquement quand je dois prendre mes médicaments. Je vois le cancer comme un « moteur malheureux » qui me pousse à entreprendre.

Prenez soin de vous et soyez à l'écoute de votre corps !

«Mon objectif : passer le CAPES et enseigner »


Sabine, diagnostiquée en 2015

ET DEMAIN POUR SABINE ?

Ma vie a changé par obligation mais ce qui m’arrive maintenant, ce n’est que du positif pour moi. Et là maintenant c’est moi qui décide. Du coup je vis dans le présent, c’est mieux probablement que de voir trop loin. Je recommence à avoir des projets de voyage parce que j’étais une grande voyageuse et là j’ai de nouveau des envies très lointaines. J’ai envie de m’écouter et de faire les choses pour moi. Donc ça commence peut-être par un déménagement, par me rapprocher des miens. Comme toute épreuve, ça ne peut être que positif l’après. On en ressort plus fort, plus grand. Si on est en plein dedans, il faut se dire que ce sera mieux après.

«J'ai envie de m'écouter et de faire les choses pour moi »