Isabelle a 44 ans et est assistante maternelle. En 2012, elle apprend en l’espace de quelques jours qu’elle est atteinte d’un cancer de l’ovaire. S’ensuit alors des chimiothérapies, des périodes de rémissions et des récidives… Isabelle est plus que jamais décidée à se battre, portée par l’envie de voir grandir son fils.

Isabelle, diagnostiquée en 2012

 

LE DIAGNOSTIC D'ISABELLE

J’ai tout d’abord commencé par avoir des maux de ventre et, comme ce n’est pas mon habitude, je me suis posée quelques questions. Ensuite mon ventre s’est mis à gonfler, pendant deux ou trois jours. J’ai appelé mon médecin qui m’a dit d’aller voir mon gynécologue. Il m’a prise très rapidement et m’a fait passer une échographie. On s’est alors aperçu que j’avais des kystes aux ovaires… Comme ils étaient relativement gros, il m’a fait faire une prise de sang.

Trois jours plus tard, j’étais à l’hôpital pour une intervention chirurgicale. D’après les observations et les résultats de la prise de sang, ils ont tout de suite pensé que c’était cancéreux… Mais c’est bien au réveil de l’opération, que le médecin m’a dit que c’était vraiment plus grave que prévu et qu’il fallait faire une chimiothérapie.

L’annonce du cancer s’est donc faite à l’hôpital. C’était pour moi une surprise complète. J’y allais à la base pour une opération de kystes aux ovaires, pas parce que j’avais un cancer…

«L'annonce du cancer s'est donc faite à l'hôpital. C'était pour moi une surprise complète. »

Isabelle, diagnostiquée en 2012

FAMILLE & AMIS D'ISABELLE

Chez moi, on est une famille qui se soutient beaucoup. En revanche, on se parle peu… Donc je ne sais pas exactement comment ils ont réagi. Quand je les appelle, ils sont là. Ma belle-sœur et mon frère par exemples ont toujours été réactifs en cas de besoin. Mais on ne s’épanche pas trop là-dessus. Le plus dur après l’avoir appris, c’est en fait de l’annoncer… On ne sait pas comment ils vont réagir. Moi j’ai la chance d’avoir une famille qui ne montre pas trop ses émotions. Je crois en effet que ce qui est bien, c’est d’être là, de soutenir la personne malade, mais de ne pas montrer ses émotions. Je n’aime pas forcément demander de l’aide.

C’est également très dur pour ses propres enfants, surtout quand ils sont en bas âge et pas en mesure de tout comprendre. L’annoncer à mon fils a été une épreuve… C’est un garçon et il garde ses émotions mais c’était compliqué car il n’avait pas encore 11 ans donc tout petit à mes yeux. Pour lui c’était un choc… A cet âge-là, on comprend que c’est une maladie grave. Encore à notre époque, le cancer est associé à la mort. C’est un enfant qui est assez fort, il a bien pris sur lui, il a bien compris la chose et il me soutient bien.

Ma force c’est vraiment mon fils, c’est le seul que j’ai et c’est la seule personne qui me donne envie de me battre et de vivre. Il faut que je le vois grandir, se marier, avoir des enfants… Je vais le voir le soir avant d’aller me coucher parce que je me dis que si le lendemain je ne peux pas me réveiller, je l’aurais au moins vu avant d’aller dormir.

«Ma force c'est vraiment mon fils, c'est le seul que j'ai et c'est la seule personne qui me donne envie de me battre et de vivre »

Isabelle, diagnostiquée en 2012

GESTION DE LA MALADIE PAR ISABELLE

Trois semaines après l’annonce du diagnostic, je devais commencer la chimiothérapie. Après celle-ci, en rentrant chez moi, j’étais fatiguée et je restais souvent au lit. Deux ou trois jours après, j’ai commencé à me lever et c’est là que j’ai découvert quelques cheveux dans le lit. Puis au fur et à mesure, en marchant, je voyais des touffes de cheveux tomber par terre… Et là vous vous dites que la chimio marche ! Oui parce qu’on a toujours espoir de ne pas les perdre. Même si on le sait et que l’on est prévenu, on espère toujours. J’ai appelé ma belle-sœur, qui est venue, et qui m’a tout rasé…

«Sur certaines personnes, la perte de cheveux met trois semaines, moi ça a mis trous jours... Donc je n'ai pas attendu, j'ai appelé ma belle-soeur, qui est venue et qui m'a tout rasé... »

Isabelle, diagnostiquée en 2012

SANTÉ & ALIMENTATION D'ISABELLE

Je suis une grande mangeuse de légumes et, malheureusement, quand je reviens de chimio, je ne peux absolument pas en manger. Tout ce qui est sain, en fait, ça ne passe pas. Une semaine après, ça va un peu mieux. Mais tout ce qui est gras, qui est chaud, qui est cuisiné, tout cela reste compliqué à avaler. Par contre je bois beaucoup de thé blanc et de thé vert car on me l’a conseillé. En gros, mon alimentation maintenant, c’est beaucoup du liquide et peu de matières solides…

Concernant la santé en général, les défenses immunitaires sont moins bonnes. On attrape tout ! Il faut donc éviter d’embrasser quelqu’un qui a une grippe… Mais il ne faut pas arrêter de sortir non plus hein !

«Tout ce qui est sain, en fait, ça ne passe pas. Une semaine après, ça va un peu mieux »

Isabelle, diagnostiquée en 2012

VIE PROFESSIONNELLE & FINANCES D'ISABELLE

Je suis assistante maternelle. On garde des enfants, donc on ne peut pas se permettre d’être fatiguée et de manquer de vigilance. C’est un travail avec une grande amplitude horaire, de 6 heures du matin à 18 heures le soir. Il faut se déplacer, faire à manger, jouer avec les enfants, etc. Du coup on m’a arrêtée… Du jour au lendemain on m’a dit que je ne pouvais pas travailler dans ces conditions-là.

Après une rémission, j’ai pu reprendre le travail. C’était terrible à ce moment-là car c’était dur pour moi de ne pas travailler : je tournais en rond, je ne savais pas quoi faire. Malheureusement, en sortant d’un contrôle, on m’a appris que je faisais une récidive… Il fallait donc à nouveau être arrêtée.

Financièrement c’est de plus en plus compliqué. Au départ, j’avais un petit pécule que j’avais mis de côté mais maintenant c’est terminé. De plus, je suis seule et je n’avais pas d’informations sur les aides… Donc je me suis débrouillée juste avec ce que j’avais encore de côté.

Je suis consciente qu’on ne peut pas aider tout le monde mais là, en arrêt, je perds 50% de mon salaire… Les aides sont trop basses pour vraiment m’aider.

«Je suis seule et je n'avais pas d'informations sur les aides... Donc je me suis débrouillée juste avec ce que j'avais encore de côté »

Isabelle, diagnostiquée en 2012

ET DEMAIN POUR ISABELLE ?

Je ne sais pas si je me vois à long terme. J’espère hein ! Mais à l’instant même, je vis au jour le jour : je vais me coucher et je verrai demain matin ce qui va se passer. Je vais essayer de partir en vacances cet été un petit peu. Je vois des amis, etc. Mais je ne fais pas de projets sur les années à venir.

Il y a toujours des moments où on doute, où on baisse les bras. Mais il ne faut pas que ça dure trop longtemps. On a toujours la famille et les amis pour nous remonter le moral et c’est reparti. Enfin, moi c’est mon tempérament, je ne me laisse pas trop déborder.

La maladie ne m’aura pas. Je l’ai combattue deux fois, j’en suis à la troisième, elle ne m’aura pas. Si je dois la combattre cinq fois, je la combattrais cinq fois. Elle aura peut-être plus peur de moi que moi j’ai peur d’elle maintenant…

«Il y a toujours des moments où on doute, où on baisse les bras. Mais il ne faut pas que ça dure trop longtemps.»