Sabine a 53 et est masseuse-kinésithérapeute. A l’été 2015, elle apprend qu’elle est atteinte d’un cancer des ovaires. Après des traitements éprouvants, elle est aujourd’hui considérée en rémission. Elle nous relate quelles ont été ses sources de motivation pour combattre la maladie et pourquoi elle voit la vie de façon plus positive aujourd’hui.

Sabine, diagnostiquée depuis 2015

 

DIAGNOSTIC DE SABINE

J’ai appris le diagnostic en 2015, vers le 14 juillet. A partir de là, je suis restée enfermée chez moi pendant trois jours… Je l’ai encaissé mais le plus dur, c’était de l’annoncer à mes proches.

Je me souviens très bien de l’impression que j’ai eue à mon premier scanner, j’étais dans cette salle d’hôpital, branchée sur le produit qu’on vous injecte, et je me suis dit que c’était un parcours qui commence et ce n’est que le début. Et vu que je suis kiné, en fin de compte je passais de l’autre côté et, ça, ce n’était pas simple non plus.

« ... le plus dur, c'était de l'annoncer à mes proches »

Sabine, diagnostiquée depuis 2015

FAMILLE & AMIS DE SABINE

Au niveau de mes proches, ils ont vraiment été là. Que ce soit mes soeurs, mes beaux-frères, mes neveux et nièces. C’était quelque chose d’extraordinaire, leur présence. J’ai une amie en particulier, Valérie, qui a été là, qui est toujours là. Et je sais, après coup, que pour eux ça n’a pas été simple. On parle toujours des malades mais maintenant j’ai bien conscience que le parcours des accompagnants n’est pas simple. Après la maladie, les relations sont beaucoup plus naturelles, évidentes.

«C'était quelque chose
d'extraordinaire, leur présence.»

Sabine, diagnostiquée depuis 2015

GESTION DE LA MALADIE DE SABINE

Un mois après l’annonce du diagnostic, j’ai été opérée, on m’a enlevé les ovaires, l’utérus, le péritoine, enfin tout ce qui pouvait éventuellement être touché par les cellules cancéreuses. Et j’ai commencé ma chimio un mois après. Six cures d’une chimio très agressive. Mon corps a bien résisté et j’en faisais une toutes les trois semaines. Là, quand même, on touche le fond parce que physiquement on n’est pas bien : de la perte d’appétit et des tas d’effets secondaires. Parmi les choses les plus difficiles des effets de la chimio, c’est bien sûr la perte des cheveux. Pour une femme, c’est le signe d’une féminité et c’est quelque chose de physique, de violent, c’est le terme que j’ai envie d’employer. Après un an de chimio, je me sentais déjà mieux mais j’ai été considérée en rémission après deux ans de fin de traitement. Aujourd’hui, en juin 2019, je me sens en pleine forme, tous mes voyants sont au vert, j’ai l’impression d’avoir repris une vie normale. Et même un sentiment beaucoup plus vivant qu’avant la maladie.

«Parmi les choses les plus difficiles des effets de la chimio, c'est bien sûr la perte des cheveux »

Sabine, diagnostiquée depuis 2015

SANTÉ & ALIMENTATION DE SABINE

Ce que l’on consomme, ce que l’on mange, c’est vraiment notre carburant : le carburant que l’on donne à notre organisme. Donc j’ai encore plus conscience et envie de consommer des produits sains et de savoir ce que je mange. Et je prends d’autant plus plaisir à manger.

J’ai essayé de trouver une activité qui me permette de m’évader ou de me ressourcer. Voyant ma soeur qui courait, je me suis dit que c’était facile d’enfiler une paire de running et d’aller courir. Alors au début, c’était 3 minutes, puis 5 minutes, je les avais systématiquement dans ma voiture avec moi. J’ai même pris plaisir à m’acheter le t-shirt et le short qui allaient bien. Ce n’est pas quelque chose qui nous est imposé, c’est nous qui décidons d’aller courir, donc c’est vrai que moralement c’est très important de reprendre, encore une fois, sa vie en main. Le gain après l’effort vous donne l’impression de maîtriser cet organisme et surtout vous donne la certitude que vous faites quelque chose de bien. En tant que kiné, j’ai toujours dit à mes patients que je suivais qu'il fallait se bouger dans le cadre d'un cancer. Ça m’a apporté énormément et j’y ai pris du plaisir. Deux ans après, je pars encore courir régulièrement. Je me dis que ça aide à lutter contre la récidive et c’est une vraie carotte aussi de se dire ça.

« J'ai essayé de trouver une activité qui me permette de m'évader ou de me ressourcer»

Sabine, diagnostiquée depuis 2015

VIE PROFESSIONNELLE & FINANCES DE SABINE

Je suis masseur-kinésithérapeute, j’exerce en libéral et avant la maladie j’avais mon cabinet depuis de très nombreuses années. Le problème, c’est que je n’ai pas trouvé quelqu’un qui soit là suffisamment longtemps pendant la période où j’ai été arrêtée. Donc ce n’est pas simple. Là j’ai repris mon activité en tant que remplaçante.

Ça faisait 25 ans que j’avais ce cabinet. A force de patience, de persévérance et de travail, j’avais développé une patientèle. Et du jour au lendemain, c’est comme si c’était du vent, vous n’avez plus rien.

« Du jour au lendemain, c'est comme si c'était du vnet, vous n'avez plus rien»

Sabine, diagnostiquée depuis 2015

ET DEMAIN POUR SABINE ?

Ma vie a changé par obligation mais ce qui m’arrive maintenant, ce n’est que du positif pour moi. Et là maintenant c’est moi qui décide. Du coup je vis dans le présent, c’est mieux probablement que de voir trop loin. Je recommence à avoir des projets de voyage parce que j’étais une grande voyageuse et là j’ai de nouveau des envies très lointaines. J’ai envie de m’écouter et de faire les choses pour moi. Donc ça commence peut-être par un déménagement, par me rapprocher des miens. Comme toute épreuve, ça ne peut être que positif l’après. On en ressort plus fort, plus grand. Si on est en plein dedans, il faut se dire que ce sera mieux après.

« J'ai envie de m'écouter et de faire les choses pour moi»